Qualité Références n°85

DOSSIER AÉROSPATIAL ET

DOSSIER AÉROSPATIAL ET QUALITÉ Contrôle qualité digitalisé sur chaîne d'assemblage. France aux côtés de l’association Elles Bougent dont nous sommes partenaires depuis cinq ans, qui promeut les métiers de l’ingénierie auprès du public étudiant féminin. La création de ce réseau représente aujourd’hui la volonté du Groupe d’aller plus loin dans ses actions. Q.R. : COMMENT L’ÉGALITÉ HOMME-FEMME ET LA DIVERSITÉ CONTRIBUENT-T-ELLES À LA PERFORMANCE DE VOTRE GROUPE ? P.N. : En tant que qualiticien, c’est-à-dire observateur et animateur de la performance, je vois qu’au-delà de l’enjeu d’équité, la différence accroit notre capacité à traiter les sujets complexes. La solution des enjeux techniques contemporains ne peut plus être l’apanage de quelques-uns, issus d’un même moule, d’une même culture. C’est un impératif de performance économique. D’ailleurs, le cabinet de stratégie McKinsey soulève « […] une corrélation frappante entre excellence organisationnelle et présence des femmes dans les organes de direction […] » « La solution des enjeux techniques contemporains ne peut plus être l’apanage de quelques-uns, issus d’un même moule, d’une même culture. » Q.R. : COMMENT VOTRE POLITIQUE RSE ET VOTRE STRATÉGIE QUALITÉ S’ARTICULENT-ELLES ? P.N. : Il y a néanmoins une réelle interaction entre les deux politiques et un point commun : l’absolue nécessité de développer nos connaissances techniques, à la fois pour satisfaire les besoins à venir de nos clients et pour participer à la construction du monde de demain, plus durable. C’est un de nos axes majeurs. Nous avons d’ailleurs un centre de R&I 1 très actif et à la pointe de la technologie qui développe plusieurs centaines de projets de très haute technologie par an. Nous y encadrons plusieurs dizaines de thèses. Q.R. : QUELS SERVICES QUALITÉ PROPOSEZ-VOUS AU SECTEUR AÉRONAUTIQUE ? P.N. : Notre large panel d’activités qui comprend toute la chaîne de valeur aéronautique, depuis la conception jusqu’à la maintenance en passant par la fabrication nous permet d’avoir une vue globale sur les besoins du métier. Nous pouvons donc proposer des solutions globales qui permettent de simplifier la vie de nos clients. Ainsi, par exemple, à une petite échelle, nous proposions des services de contrôle 1. Recherche et Innovation. ©DR qualité de pièces critiques (commandes de vol) à un client. Nous avons analysé l’ensemble des informations qualité dont nous disposions et nous avons proposé à notre client, à partir de ces informations, une évaluation de sa supply chain pour ce type de produit. Satisfait, il nous propose le pilotage de celle-ci : nous nous occuperons de la réception des pièces et de la supervision des fournisseurs. Un autre exemple, à plus grande échelle, est la numérisation des dossiers de suivi. Nous avons déployé la première version d’un outil qui permet d’avoir sur une tablette les dossiers numérisés car les dossiers techniques sont encore pour beaucoup constitués de papiers. Puis, la solution que nous avons développée (Stepa) est devenue un ensemble d’applications temps réel qui permet aujourd’hui de suivre et de piloter n’importe quelle activité industrielle : du développement à la production ou des tests et validations. Plus de 450 personnes utilisent déjà cet outil. Les principaux gains établis sont les suivants : Premièrement, Il n’y a plus de saisie sur papier et par conséquence, une réduction des erreurs de saisie et la suppression des doublons. Deuxièmement, c’est un outil commun à tous les collaborateurs, il permet donc une cohérence du processus. Troisièmement, nous estimons un gain de temps 75% pour les managers grâce à l’automatisation des KPIs et à l’exportation de données. Quatrièmement, l’outil donne une vision temps réel du processus permettant une plus grande réactivité et bien entendu in fine, une meilleure satisfaction client. Pour pouvoir s’adapter à nos différents clients, nous avons développé une solution indépendante de l’outil informatique en place, c’est une solution multiplateforme. De plus, nous y avons ajouté des contraintes de cybersécurité fortes. Nous voulons maintenant développer cette offre et, dans ce cadre, nous sommes prêts à nous associer avec des grands acteurs du digital. Enfin, dans un autre domaine, voici un 40 IQUALITÉ RÉFÉRENCES • N°85 • Avril - Mai - Juin 2020

AÉROSPATIAL ET QUALITÉ DOSSIER autre exemple que j’ai esquissé tout à l’heure, la proactivité dans les certifications. Une nouvelle certification peut nous aider à concevoir avec le client une nouvelle forme de partenariat, ainsi par exemple, nous proposons à nos clients des activités dans le cadre du PART 145 (maintenance d’aéronefs) ou du référentiel CAMO (navigabilité) dans des domaines où ils nous confient de nouvelles tâches. Q.R. : QUELS SONT LES ATOUTS DE CES SERVICES ? P.N. : Revenons à notre principal atout : la vue globale que nous possédons sur l’ensemble de la chaine de valeur. Elle nous permet de proposer à nos clients une maîtrise d’œuvre d’un ensemble regroupant plusieurs métiers. Nous passons donc d’une démarche de fournisseur d’un service simple à prestataire partenaire. Nous réalisons alors une fonction et nous sommes rémunéré sur un résultat à atteindre. Nous permettons alors au client de réduire le nombre de ses interfaces, tout en assumant le risque associé. La qualité, en tant que prestation, peut être tout ou partie de la fonction proposée, comme ce que l’on a fait pour les commandes de vol. Q.R. : POUVEZ-VOUS INDIQUER UN EXEMPLE D’APPLICATION CHEZ UN CLIENT DANS L’AÉRONAUTIQUE ? QUELLE ÉTAIT LA PROBLÉMATIQUE ? QUELS ONT ÉTÉ LES RÉSULTATS ? Site d'assemblage de Saint Nazaire. P.N. : Un autre exemple d’application concerne les opérations de retouche sur avion (parachèvement) que nous faisons à Saint-Nazaire. Nous sommes partis de la simple retouche. Aujourd’hui, nous avons la maîtrise complète du processus, nous approvisionnons les pièces à remplacer, nous rédigeons les dérogations, nous pilotons la logistique de réparation, nous contrôlons, et nous adaptons le dossier de livraison. C’est une usine dans l’usine. « Notre première priorité a donc été de protéger nos salariés et nos clients. » Q.R. : COMMENT AVEZ-VOUS GÉRÉ LA CRISE SANITAIRE DU CORONAVIRUS ? P.N. : Dès le début de la crise, Segula a pris toutes les mesures nécessaires afin de garantir le niveau de sécurité le plus exigeant à tous ses collaborateurs et clients. Il faut dire que nous avons été confrontés très tôt au virus. Ainsi, nous avons fermé temporairement, bien avant le confinement, deux de nos sites de l’est de la France (Mulhouse et Strasbourg), dès le premier cas de contamination potentielle connu. Nous nous sommes donc mobilisés très tôt pour permettre à celles et ceux pouvant travailler à distance de le faire, en déployant en un temps record les équipements, principalement informatiques, nécessaires. Notre première priorité a donc été de protéger nos salariés et nos clients. Cette étape a duré une dizaine de jours pendant lesquels nous avons adapté notre Plan de Continuité d’Activité, réfléchi au redémarrage, tout cela avec la participation active des élus du personnel et de nos clients. Cela nous a permis, dans un deuxième temps, de redémarrer notre activité. Aujourd’hui, nous avons retrouvé notre activité dans un marché qui s’est fortement réduit. Cela introduit notre troisième étape, la reconquête, qui doit nous permettre d’aller au-delà de notre part de marché et de retrouver au moins notre chiffre d’affaire antérieur. En parallèle, le groupe s’est directement impliqué dans la lutte contre le coronavirus. Nous sommes avant tout un groupe d’ingénierie et nous avons développé deux projets permettant de contribuer à notre niveau et avec notre savoir-faire à l’effort national. Tout d’abord, nous avons adapté le masque de snorkeling Easybreath Subea de la marque Decathlon avec Safran et avec le concours de l'Institut de Recherche Biomédicale des Armées (Irba). Segula et Safran mettent à disposition des hôpitaux un kit Easybreath Anticovid contenant des éléments imprimés en 3D à partir de fichiers disponibles en libre accès. Ensuite, nous nous sommes associés avec le fabricant de dispositifs médicaux Intersurgical pour permettre à l’État français de fournir au milieu médical 150 000 filtres respiratoires supplémentaires par semaine afin d’équiper prioritairement les matériels de réanimation. La production globale de 300 000 filtres par semaine en France engagée dans le cadre de ce partenariat industriel pourra contribuer à aider d’autres pays européens. ● ©DR Propos recueillis par Valérie Brenugat QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°85 • Avril - Mai - Juin 2020 I41